Un greenkeeper belge en Suède

Le programme de bourses FEGGA
Au cours des 10 dernières années, j’ai eu le privilège d’acquérir de l’expérience à différentes fonctions. De greenkeeper à greenkeeper en chef et gestionnaire de terrain. Alors pourquoi ‘étudier’ à nouveau?
Pour commencer, je n’ai jamais cessé d’étudier. J’ai suivi divers cours en ligne et en présentiel aux Pays-Bas et en Ecosse, j’ai participé à de nombreux séminaires et réunions et dévoré de nombreux livres. Bien sûr, c’était toujours lors de mes ‘temps libres’. Ici, en Suède, cependant, il s’agit de travailler au quotidien et d’apprendre aux côtés d’un acteur de premier plan dans notre profession et il y a là une différence importante. Se joindre à une équipe de haut niveau tous les jours sur un parcours haut de gamme offre une mine d’informations et d’expérience. De cette façon, je peux parfaire mes compétences en termes de greenkeeping et en même temps j’ai un aperçu complet de la façon dont les terrains de golf sont gérés. Le programme met l’accent sur la gestion des terrains et il y a une grande ouverture à ce niveau. De plus, des séminaires et des excursions viennent compléter cette formation.

L’équipe de greenkeepers
Le professionnel dont je parle est Bevan Tattersall, qui vient d’Angleterre. Dans le passé, il a été course manager pour The Belfry, et il a ainsi contribué aux Ryder Cups de 1993 et 2002. Quand je pense à tous les grands noms qui ont foulé ‘ses’ greens (comme Ballesteros, Faldo, Woods,…), j’ai du mal à comprendre que cet homme veut m’apprendre tous les trucs et astuces du greenkeeping. Avec une autre Ryder Cup en perspective, il s’installe en Suède en 2005 et devient course manager à Barsebäck (où la Solheim Cup a eu lieu en 2003). La Ryder Cup n’est, malheureusement pour lui, pas venue en Suède, mais au total, le palmarès de Bevan comporte plus de 40 tournois professionnels. Enfin, en 2018, il a été recruté par les nouveaux propriétaires du Kristianstads Golfklubb et c’est là que nous nous trouvons maintenant.
L’équipe que Bevan a réunie se compose de 2 jeunes greenkeepers principaux : son fils Ben(jamin) sur le West Course et Niklas Johansson sur l’East Course. Au total, 7 greenkeepers sont employés à temps plein. Comme en Suède, les parcours sont fermés en hiver, il y a moins de travail pendant cette période. Les greenkeepers à temps plein travaillent alors moins d’heures et font par contre plus d’heures pendant la belle saison. Pour mener à bien la charge de travail lorsque le gazon commencer à pousser, l’équipe de base est complétée par 10-15 travailleurs saisonniers à partir du printemps. Ce n’est pas un luxe inutile pour répondre aux attentes élevées du club.

Le Kristianstads Golfklubb
A l’heure actuelle, le club compte deux parcours: l’East Course est le parcours de championnat et a été classé 3ème par Golf Digest fin 2020 sur plus de 480 terrains de golf suédois. Le club de golf a été fondé en 1924 mais a déménagé en 1938 à son emplacement actuel à Åhus, un village côtier à 20 km au sud de Kristianstad. La dernière rénovation remonte à 2016 et a été réalisée avec l’aide de l’architecte Pierre Fulke (Ryder Cup 2002) et un autre ancien golfeur professionnel, Adam Mednickson.
Le même duo a également établi les lignes de développement pour la rénovation actuelle du West Course. Les premiers trous ont été ajoutés au club de golf en 1980. Ce parcours est considéré comme plus accessible et adapté à n’importe quel niveau. Le parcours rouvrira le 1er juin de cette année et devrait également devenir l’un des 20 meilleurs terrains. Pour nous, en tant qu’étudiants de la FEGGA, il est particulièrement intéressant de pouvoir participer aux derniers travaux de construction et de terminer le ‘grow-in’. Compte tenu des attentes élevées, nous continuerons à travailler dur au cours des prochaines semaines.

“Tant que vous n’êtes pas venus en Suède, vous n’avez pas observé de moisissure des neiges.” – Bevan Tattersall
Début mars, environ un mois avant notre arrivée, ils ont été surpris par des chutes de neige soudaines à Åhus. Ces chutes de neige ont été suivies d’un épisode massif de moisissures des neiges, en particulier sur les greens de l’East Course. Comme en Flandre, le contrôle chimique est très limité et est utilisé avec parcimonie. Dans ce cas, il était nécessaire de ne pas perdre complètement les vieux greens, qui se composent principalement de pâturin annuel. Nos premières semaines ici ont été principalement placées sous le signe de la récupération de ces greens. En termes d’opérations mécaniques, cela signifie sursemer avec Agrostis stolonifera à l’aide d’un rouleau à pics et d’un sablage léger. Après le passage du rouleau, l’entièreté du green a également été aéré et semé manuellement. En outre, des efforts sont déployés pour accélérer le rétablissement avec des algues et d’autres biostimulants. Tout ce qu’il nous faut, ce sont des températures un peu plus élevées, et c’est à ce niveau que se situe le problèm.

La qualité avant tout
A quelques exceptions près, nous avons rarement dépassé les 5°C pendant la journée. Depuis notre arrivée, il a presque gelé toutes les nuits. C’est donc loin d’être idéal pour favoriser une reprise rapide des greens. Les greenkeepers ne peuvent pas commencer à travailler sur le terrain tant qu’il gèle. Si les greenkeepers ne peuvent commencer leur travail que plus tard, cela signifie que l’heure d’ouverture du terrain de golf sera également adaptée en conséquence. Ceci est déterminé par le Course Manager et transmis en direct à la réception. Par exemple, si vous avez réservé une heure de départ en tant que golfeur à 8 h, mais que le parcours n’ouvre pas avant 8h30 en raison du temps glacial, votre heure de départ expire. De cette façon, la pression de temps est maintenue loin des greenkeepers dans une certaine mesure de sorte que la qualité l’emporte toujours sur la quantité… et les greenfees.
Les derniers jours ont déjà été légèrement plus chauds et la croissance du gazon devrait commencer progressivement. Nous sommes impatients de porter le terrain à son plus haut niveau au cours des prochaines semaines. Il y a aussi quelques séminaires agréables prévus au programme, comme l’aménagement d’un terrain de golf et une formation plus approfondie sur les engrais. Il s’agissait d’une longue introduction, alors je vais clôturer mon premier compte-rendu ici. Il me reste à vous envoyer des salutations chaleureuses d’un pays froid et hej så länge!

Par le passé, Michel Van Uffelen a exercé la fonction de greenkeeper principal pour les clubs de golf de Beveren et de Coxyde. Au cours des quatre dernières années, il était notamment responsable du terrain de football du Stade Roi Baudoin, ainsi que des terrains de différents clubs professionnels belges. Depuis le mois d’avril, il travaille et il étudie en Suède grâce au programme de bourses FEGGA.

Photos:
La découpe et le déplacement de rouleaux de gazon pour la rénovation du West Course.
Il gèle presque tous les matins en avril.
Le râtissage manuel des bunkers est réalisé chaque matin, souvent lorsqu’il gèle.
Formation sur l’installation d’arroseurs lors de la rénovation du West Course.