Nouveaux dessins pour des parcours de Golf ”durables”

Nouveaux dessins pour des parcours de Golf ”durables”

“Avec une bonne organisation, vous pouvez réaliser un parcours adapté au site mais répondant aux attentes des golfeurs. “
A retenir
L’esthétique d’un projet d’aménagement inclue les changements saisonniers de formes et de couleurs, les aspects de feuillage, les variétés de fruits et de graines, les tons de floraison, pour obtenir tout au long de l’année un aspect visuel sympa et un intérêt écologique pour la faune. .
L’interet environnemental inclue la réduction ou l’optimisation de l’usage des pesticides, des engrais ou de l’eau, ainsi que le développement de la biodiversité du site.
Les économies d’argent d’un projet “durable“ inclue la réduction de la maintenance, du travail et de l’usage de toutes les ressources.

Les golfeurs souhaitent des espaces de jeu attrayants et de bonne facture alors que dans le même temps, le grand public et les associations écologiques demandent, à ce que les parcours de golf soient responsables sur le plan environnemental. Les nouvelles approches pour un “design plus durable” des parcours de golf, permet aux responsables de parcours sensibilisés à leur environnement d’avoir le beurre et l’argent du beurre, avec des parcours attrayants et esthétiques, respectueux de l’environnement.
Pour parler simplement, le design durable correspond à un haut niveau d’autosuffisance. Une fois établis, ces espaces murissent, vieillissent et prospèrent, patinés par mère nature, comme si elle les avait dessinés elle-même. Les bénéfices en termes de performance englobent les aspects esthétiques, la réduction des couts de maintenance, l’optimisation de l’utilisation de l’eau, la réduction de l’usage des produits phytosanitaires et des engrais. En outre, la gestion des espaces ouverts permet de mettre en valeur certains paysages et accroit par l’alternance des espaces, les habitats pour la faune sauvage.

Le “design durable“ va plus loin que les principes de base du simple dessin traditionnel. Il permet de travailler le volet environnemental de la structure et sa fonction à maintenir voire développer la biodiversité locale aussi bien des plantes que des animaux. Cette approche permet la création de paysages et d’espaces naturels réellement esthétiques, fonctionnels et respectueux du site et de son environnement.

La trajectoire des balles n’est pas la seule considération prise en compte lors de la création, L’analyse complète du site permet de combiner les différents aspects du projet.

Le “design durable“ est bien plus que la touche finale du projet. Il est aussi là pour résoudre des problèmes de paysage. Cette approche permet également de s’assurer que les atouts d’un site ne tomberont pas dans l’oubli. Tout le monde peut profiter du résultat, l’utilisateur, le gestionnaire et le propriétaire. Le “design durable“ des parcours de golf est un aspect très complexe, le but étant de faire la synthèse entre le caractère du parcours et sa fonctionnalité avec une sensibilité environnementale dans le respect des attentes du ou des décideurs.

Le processus d’élaboration du “design durable“

Le concepteur définit les problèmes, les analyse, définit les objectifs et liste les moyens à sa disposition pour résoudre les dits problèmes, imagine et sélectionne les idées à retenir pour atteindre les objectifs. Il, ou elle, applique dès lors ses idées et évalue leur succès. Ce processus peut être logique et parfaitement structuré ou résulter d’une démarche plus intuitive, moins discernable. Cependant le processus le plus efficace tiendra toujours compte des retours d’information pour réévaluer en permanence la pertinence des choix en fonction des objectifs à atteindre et des réponses effectives du milieu.
Ainsi, le dessin des terrassements tient compte des futures plantations, même si celles ci n’interviendront qu’en toute fin de chantier.

Les terrassements tiennent compte dans le projet des emplacements des plantations et de l’implantation des chemins de circulation..

Plan de base : Les projets bien ficelés commencent obligatoirement par une étude approfondie et un plan de masse très précis qui fournit l’ensemble des informations nécessaires sur les caractéristiques permanentes du site. Ce plan doit inclure les limites de la propriété, ses atouts, l’ensemble des constructions et leur encombrement exact, l’emplacement des réseaux, les accès et leur nature, ainsi que les entités naturelles remarquables, leurs emplacements et la topographie générale des lieux.
Un plus pour ce type de document, est une échelle et une orientation parfaitement renseignée. Si l’échelle et les points cardinaux sont présents sur le plan original, les dimensions et les orientations seront scrupuleusement respectées lors des agrandissements ou des réductions du document.
Conception : Le dessin final définit tous les sujets sous-jacents au design du projet. Tout ceci est établit lors d’entretiens avec les décideurs et les gestionnaires du site. La philosophie du projet et sa destination sont clairement identifiées. Elles éclairent sur les variables ajustables aussi bien sur le choix des couleurs, le niveau de maintenance souhaité, l’utilisation de l’eau et des autres ressources naturelles. C’est un cadre de base, établit très tôt dans le projet, de sorte que toutes les personnes concernées (de l’architecte au propriétaire et du gestionnaire à l’intendant) soient en accord avec les principes édictés.
Cahier des charges : Il liste les souhaits et désirs des décideurs. Il est plus précis que le concept général du projet mais pas affiné au point de définir le choix des plantes et les spécifications. Le programme typique doit interpeller sur tous les sujets comme la réduction de la maintenance au travers par exemple, de la réduction de l’emprise des zones engazonnés, l’introduction de plantes adaptées au site, et l’amélioration de l’esthétique générale du parcours. On y inclura la mise en valeur du clubhouse et de l’entrée, des cheminements pour voiturettes de golf ou les structures relatives au standing souhaité ( abris de parcours pour se protéger de la pluie ou des orages, ou encore la mise à disposition de boisson sur les aires d’attente.)
Inventaire du site et analyse : Pour ce point crucial, l’architecte doit arpenter le site, regroupant des informations pour saisir l’âme de ce dernier. Armé d’un bloc note et traçant les grandes lignes du futur plan, il met en avant les opportunités et les contraintes du projet.
L’inventaire doit être exhaustif et permettre à l’aide de croquis et de photographies de transposer les idées de l’architecte ou des donneurs d’ordre au fur et à mesure qu’ils s’imprègnent du site et de ce qui le rend unique. L’analyse demande une évaluation précise de l’importance des caractéristiques typiques et des conditions propres au projet. Les sols en place, la topographie, l’hydrologie, les espèces natives, l’histoire, le microclimat, les vents dominants, les constructions existantes, les différentes vues et vis-à-vis du site sont autant de considérations qui peuvent avoir un impact non négligeable sur le succès ou l’échec d’un projet de construction durable. Ces facteurs doivent donc être inventoriés et analysés avec précision.
Développement et installation : Le développement et l’installation doivent découler des quatre premières activités. En se basant sur les croquis et esquisses couchées sur le bloc, puis sur le plan de base, une phase de dessin commence. L’analyse des informations recueillies sur le site forme un important socle de base, dans un contexte précis, pour les processus à mettre en place et leur transcription sur les plans.
Le déroulement de cette étape démarre avec une représentation graphique sous forme de diagramme en bulles, développé à partir de l’analyse du site où toutes les parties du projet sont représentées en fonction de leur destination et de leur interactions. Analyse des diverses circulations, pistes de voiturettes, départs, parking et toutes autres interventions humaines vis-à-vis du site sont identifiées sur les plans avec des symboles.
Les dessins de principe du concept retenu sont présentés au propriétaire ou aux décideurs, aux pros, au comité pour critiques et avis. Les critiques et avis sont pris en compte s’ils cardent avec le concept développé depuis le départ et sont en accord avec les buts et objectifs à atteindre. Le projet approuvé doit être directement appliqué mais pourra être affiné lors de la réalisation des documents de construction. Lors des modifications ultérieures, un soin particulier sera apporté au suivi des inévitables ajustements pour s’assurer qu’il n’y ait pas de modifications significatives du concept et de sa transcription.

Les principes de base d’un projet “durable”

Les principes de base d’un projet “durable“ tels que l’ordre, l’unité, le rythme dans la disposition et l’agencement des plantations et des terrassements assure un haut niveau de qualité. Une construction durable est basée sur ces principes et intègre une grande variété d’éléments à prendre en considération.
Un parcours de golf traditionnel comporte plusieurs bâtiments. Cependant, le clubhouse, le restaurant, les bâtiments de maintenance et de pompage, les abris de parcours, les cabanes de starter et autre abris de practice ont un impact important sur l’aspect visuel et sur le confort apporté aux joueurs. L’accent doit être mis sur les abords et l’entrée du club avec des plantes colorées ou des aménagements paysagés. Les bâtiments situés sur le terrain doivent se marier au mieux avec le paysage.
Le dessin doit mettre en valeur les points de vue importants tells que les fairways les plus scéniques ou les pièces d’eau bordant greens et départs. Ces endroits remarquables, doivent être mis en scène par des plantations pour border les fairways ou les arrière de green. En mélangeant gros arbustes et petits arbres devant et gros sujets à l’arrière, et en réservant les petits arbustes et les massifs pour habiller devant les petits arbres. L’espace prend une apparence naturelle et contribue en plus à la biodiversité. Il va de soit que les essences autochtones, encore appelées essences natives sont à privilégier.
Les espaces doivent être délimités clairement et simplement. Les berges et accotements existants, enrochés, ou les bordures de ruisseaux contribuent à délimiter les espaces. Les limites et séparations artificielles peuvent se marier aux éléments naturels.

Les Plantes

Lors du choix des plantes, il faut garder à l’esprit le comportement de la végétation lors des années écoulées. Ceci est particulièrement vrai pour les golfs en milieu méditerranéen, voire semi-désertique. La présence de petits fruits, d’une grande variété de floraisons, d’écorce ou de types de végétation peu être attractif sur les parcours. Au delà de l’aspect purement esthétique, les fruits et les inflorescences attirent nombre d’animaux. Le secret de l’harmonie de bien des parcours réside dans l’alternance des zones plantées et des zones dénudées qui donnent un rythme particulier à ces paysages. On organise cette alternance lorsque l’on juxtapose une zone plantée ou boisée et une zone de gazon, forcement dénudée. Les bosquets et autres groupes de végétaux, ne suppriment pas seulement l’effet visuel des arbres plus isolés mais permet de réduire notablement l’entretien de certaines zones plus ou moins extensives. Sur les bordures de trous, des plantations plus clairsemées et toujours en nombre impair garde un aspect naturel. .

Un choix et une implantation appropriée des végétaux est l’un des signes des parcours “durables“

Les expositions au nord et à l’est, particulièrement les expositions ombragées créent des conditions de pousse complètement différentes que les expositions au sud ou à l’ouest. Il faut considérer le nombre d’heures de soleil direct reçu, la densité de la frondaison, les vents dominants et la perméabilité de la station.
Un projet “durable“ s’efforcera par exemple de regrouper les essences d’arbres ou arbustes ayant les mêmes besoins. Les plantes ornementales implantées au milieu de zones engazonnées sont généralement sur-fertilisées et sur-arrosées. De la même manière, les bandes étroites de gazon, coincées entre des massifs, sont difficiles à tondre et à irriguer. Au final elles reçoivent moins de soins que nécessaire. Le dessin des parterres doit tenir compte du type de matériel utilisé et ne pas comporter une multitude de petites entités éparpillées.
Le drainage est l’une des priorités des constructions “durables“. Il faut absolument répertorier tous les problèmes de drainage lors de l’inventaire de site en début de projet, en gérant bien sur à part les zones d’habitat humides, à conserver et protéger. Les zones à problèmes peuvent être traitées naturellement en amendant de sol, en favorisant la circulation de l’air, en veillant à la bonne exposition des surfaces, en drainant ou en implantant des essences ou des cultivars tolérants à l’humidité
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La bonne plante

Le choix et l’emplacement des plantes sont cruciaux pour la durabilité des aménagements. Les végétaux en bonne santé ont bien moins de problèmes relatifs aux maladies, aux divers stress et insectes et par voie de conséquence requièrent moins d’entretien. Des arbres et arbustes dimensionnés à la mesure de l’espace qui leur est imparti ne demandent pas de tailles. De même, des essences adaptées aux facteurs édaphiques (sol, climat) réclament peu ou pas d’eau.
Les critères de sélection des plantes sont complexes. A proximité des zones où les balles sont en jeu, il est préférable d’éviter les essences à feuilles larges, celles très fructifères, ou celles dont les graines et les fruits vont causer des problèmes de maintenance, cacher les balles, perturber le jeu ou réduire la régularité des greens. Au même titre que pour le gazon, la tolérance voire la résistance aux maladies cryptogamiques ou aux attaques d’insectes des végétaux d’ornement sont à privilégier. Ces plantes naturellement résistantes aux diverses agressions réclament moins d’entretien que les cultivars plus sensibles, en termes de main d’œuvre mais aussi en termes de couts et de quantité d’intrants à apporter.
Un projet “durable“ nécessite un responsable qui appréhende tous ces facteurs. Quand l’opportunité d’un tel projet se présente, la sagesse doit conduire l’intendant à prendre du temps pour se tenir informé des techniques d’aménagement et de construction et s’efforcer d’avoir un comportement “durable“ à chaque fois que cela est possible.

John C. Fech and Steven N. Rodie Golf Course Management

Traduction de Pascal VAN HOLLEMEERSCH – Intendant CAEN et HOULGATE