Au Luxembourg, le Golf de Clervaux est niché dans un écrin de verdure

Source: GreenTechPower

Le Golf de Clervaux a été fondé en 1989 et abrite également le centre national du golf au Luxembourg. Ce terrain vallonné offre de superbes vues mais implique également un certain nombre de contraintes pour l’entretien. La législation luxembourgeoise n’impose pas le zéro phyto pour les terrains de golf, mais Clervaux a cependant misé sur un golf ‘eco friendly’. Nous avons rencontré Jean-Paul Paggen, le greenkeeper du Golf, début juillet.

Clervaux est situé dans la partie nord du Grand-Duché, à une trentaine de kilomètres de Bastogne et de Saint-Vith, au cœur des Ardennes luxembourgeoises. Le Golf de Clervaux occupe une superficie de près de 80 ha, dont 50 ha de gazon. C’est une société privée (International Golf & Leisure SA) qui exploite le golf et qui a construit le parcours et le clubhouse sur des terres appartenant à l’Etat luxembourgeois. Les bâtiments abritent par ailleurs un hôtel, géré par la société jusqu’il y a 3 ans, mais qui est à présent loué à un groupe d’hôtels actifs dans la région. Clervaux compte près de 350 membres, dont près de la moitié sont Luxembourgeois, l’autre moitié étant des Belges. Jean-Paul Paggen est responsable de l’entretien du terrain depuis début 2017 et travaille à temps-plein pour Clervaux. Il poursuit : ‘C’est un terrain en partie vallonné, qui respecte son environnement naturel et s’intègre parfaitement dans le paysage. Cela ne facilite pas toujours les opérations d’entretien, mais propose par contre un jeu intéressant pour les membres et les nombreux joueurs de greenfee. Nous travaillons ici sur des greens qui ont 30 ans, avec les avantages et désavantages qui en découlent. Du point de vue de la composition botanique, les greens sont composés à 85% de pâturin annuel. Le système d’arrosage est en évolution permanente afin d’augmenter son efficacité. Mon équipe d’entretien se compose de 5 personnes employées à temps-plein, de même que d’un indépendant qui vient nous donner un coup de main deux jours par semaine. Comme il travaille ici depuis le début, il connait bien les spécificités du parcours, et c’est un gros atout pour la gestion quotidienne.’

L’évolution de l’entretien La législation luxembourgeoise suit la législation européenne, et le zéro phyto est donc d’application pour tous les espaces verts publics. Jean-Paul poursuit : ‘Selon l’interprétation de la loi, un club de golf peut être considéré comme un espace privé, pour lequel le zéro phyto n’est donc pas d’application, mais nous avons cependant choisi de tirer la carte du zéro phyto. A l’heure actuelle, nous sommes le seul golf ‘eco friendly’ du Luxembourg. Il faut savoir aussi qu’à la base, au Luxembourg, celui-ci étant un territoire relativement restreint, de nombreux produits ne sont pas agréés, tout simplement parce que les coûts d‘agréation ne sont pas supportables par les firmes. Il est alors nécessaire de se tourner vers d’autres solutions. Nous travaillons avec Frédéric Cahay, un consultant externe, et suivons la méthodologie Macmillan. Il vient régulièrement sur le terrain et nous aide à implémenter au mieux cette approche zéro phyto, tout en gardant une qualité de jeu satisfaisante pour nos membres. En ce qui concerne les greens, nous effectuons une aération par mois, de même que deux verticuts et deux top dressings par mois. Au début, les greens présentaient pas mal de feutre, et c’est pourquoi nous réalisons aussi chaque année deux aérations à gros louchets creux. De temps à autre, une aération à longues dents pleines permet d’aller chercher le drainage, en passant la couche de compaction. Toutes ces interventions portent leurs fruits et nous avons ainsi par exemple beaucoup moins de problèmes d’eau stagnante en hiver, tandis que la qualité de jeu a aussi bien progressé.’

Une organisation de travail bien rodée Comme le souligne Jean-Paul Paggen, il n’y a en général pas de grosses compétitions en semaine, ce qui permet d’être relativement ‘tranquille’ en ce qui concerne les opérations d’entretien. Cependant, les interventions sur le terrain sont réfléchies en fonction de l’agenda des activités prévues les week-ends. ‘D’une manière générale, nous réalisons un maximum de tâches nous-mêmes sur le terrain, et nous ne faisons appel à des sous-traitants que pour les gros travaux de réaménagement. En hiver, les opérations de taille et d’abattage permettent d’occuper les hommes de manière optimale. Parfois, nous louons du matériel qui ne serait pas assez rentable à l’achat. Je pense par exemple à un broyeur de branches, qui n’est utilisé qu’à certains moments bien précis. Pour le reste, nous sommes bien équipés en machines. Les tondeuses de fairways, de greens et d’avant-greens sont de marque John Deere, tandis que la tondeuse de roughs et le bunkerrake sont de marque Toro. Le matériel John Deere est acheté auprès d’un concessionnaire luxembourgeois, tandis que les machines Toro sont achetées en Belgique, car la marque n’est pas représentée au Luxembourg. Nous essayons de limiter le nombre de marques afin de mieux pouvoir suivre la maintenance de nos machines. Nous disposons par ailleurs d’un atelier bien équipé qui nous permet de réaliser en interne la plupart des opérations d’entretien sur nos machines.’

L’arrosage au centre des attentions Avec les températures estivales et le temps relativement sec, l’arrosage est au centre des attentions en été. Comme le souligne Jean-Paul, c’est un sujet qui est de plus en plus d’actualité : ‘Je pense que cet aspect va devenir incontournable à l’avenir. Sur le terrain, nous travaillons avec le système d’arrosage qui a été installé lors de l’aménagement des installations. Bien entendu, au fil des années, de nombreux arroseurs, les pompes et une partie de la tuyauterie ont été remplacés. De même, une deuxième réserve d’eau a été aménagée.
L’arrosage automatisé n’arrose que les greens, les avant-greens et les départs. Les fairways ne sont par contre pas arrosés. Des prises d’eau sont cependant disséminées sur le terrain et des arroseurs portatifs permettent alors de parer au plus pressé. Nous arrosons uniquement avec des eaux de surface, qui sont collectées dans les 2 étangs répartis sur le terrain. En 2018, le niveau avait fortement baissé, tandis que cette année, nous parvenons à maintenir le cap pour le moment, grâce aux quelques précipitations dont nous avons été gratifiés au cours des dernières semaines. Nous apportons un minimum d’eau par passage, puisque le green est arrosé dans son entièreté, et nous complétons l’arrosage par des apports manuels localisés. Un système d’arrosage plus récent serait une belle avancée, mais l’ordinateur qui assure la gestion de notre système est équipé d’une sonde pluviométrique, c’est déjà une bonne chose.’

Miser sur un golf propre à l’avenir Le Golf de Clervaux joue clairement la carte ‘eco friendly’. Pour JeanPaul Paggen, le grand défi sur le terrain est d’arriver à passer à côté des maladies d’automne et d’hiver. Il poursuit : ‘Nous sommes situés à 500 mètres d’altitude. La saison commence donc plus tard, mais se termine aussi plus tôt. Si une maladie apparaît au mois de novembre, il y a de fortes chances pour qu’on la traîne jusqu’au mois d’avril, et nous devons essayer de mieux gérer cela. Nous avons misé sur une nouvelle approche, qui implique également des méthodes adaptées et de collecter un maximum d’informations. Nous sommes encore en phase d’apprentissage, mais je suis très confiant dans cette méthode qui consiste à repousser les conditions favorables aux maladies, tout en renforçant la plante. Au niveau du club, nous devons cependant veiller à communiquer davantage avec nos membres. Lorsque le terrain est en parfait état, tout le monde est logiquement satisfait. Par contre, lorsqu’une maladie apparaît, il nous revient de mieux informer les joueurs sur les tenants et les aboutissants… miser sur un golf propre implique aussi de faire des choix!’